Qu’espérer pour l’étang de Berre en 2022 ?
Le 24 septembre 2021, à Saint-Chamas, Hervé Guillot, directeur d’EDF hydro Méditerranée, annonçait officiellement qu’EDF s’engageait à réduire de 25 % les rejets de la centrale, soit un quota de 900 millions de m3, tout en modifiant la saisonnalité des rejets afin que ceux-ci soient limités au maximum en périodes pré-estivale et estivale, critiques pour l’étang. En quoi cette annonce peut-elle avoir des effets positifs pour l’étang ?
Ce que l’on espère pour l’étang, c’est l’atteinte d’un meilleur équilibre écologique de l’étang de Berre. Pour rappel, les deux principaux problèmes imputables aux rejets d’eaux douce dans l’étang sont :
- la stratification due à des valeurs de salinité différentes sur la colonne d’eau (en surface, au milieu et au fond)
- l’eutrophisation (apports excessifs de nutriments, essentiellement de l’azote)
Or EDF participe à 80 % des apports d’eau douce dans l’étang et sa part dans les apports d’azote est de 50 %. C’est pourquoi la baisse du volume global annuel d’eau douce apporté par la centrale EDF et la saisonnalité de ces apports doivent permettre de réduire la stratification et l’eutrophisation.
A chaque fois qu’EDF a été contrainte de diminuer ses rejets (1994, plan Barnier, limitation à 2,1 milliards de m3 et 100 000 tonnes de limons et 2006, injonction de l’Europe, 1,2 milliard de m3 et 60 000 tonnes de limons), cela a conduit à une situation plus favorable pour l’étang.
La période 2005-2015 a montré que l’ensemble des usages liés à l’aménagement de la Durance pouvait fonctionner avec des turbinés dans l’étang de 850 millions de m3 (moyenne annuelle sur cette période). Les dernières années ont montré que les apports de limons pouvaient être contrôlés et maintenus à des valeurs inférieures au quota actuel (de l’ordre de 43 000 tonnes par an pour les années 2015-2021 pour un quota autorisé à 60 000 tonnes).
Il est nécessaire, bien sûr, que les contraintes de salinité actuelles (95 % des valeurs annuelles mesurées supérieures à 15 g/l et 75 % des valeurs annuelles mesurées supérieures à 20 g/l) soient maintenues avec de possibles ajustements à la marge. Ces valeurs permettent de garantir le maintien d’une salinité compatible avec la survie d’espèces lagunaires fixées telles que les moules ou les zostères.
En supprimant les rejets pendant les périodes pré-estivale et estivale et en assurant une salinité de surface supérieure à 25 g/l durant ces périodes, EDF devrait permettre d’éviter des conditions anoxiques fatales pour la biodiversité. C’est d’ailleurs en mesurant les surfaces d’herbiers et le développement de la faune benthique qu’il sera possible de juger du bienfait des nouvelles mesures prises.
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