Plage du Ranquet – Istres M.Torres

Trois scénarios à comparer

Les visions territoriales correspondant aux deux options de réhabilitation et au scénario tendanciel sont présentées sous la forme d’un récit. Cet outil littéraire de restitution permet en effet d’exposer, de manière articulée et cohérente, les conditions de nature très différente (organisationnelles, politiques, etc.) qui encadrent les retombées socioéconomiques attendues et de donner à voir les aspirations qui fondent les motivations des acteurs locaux. Ces conditions, qui rendent possibles les retombées socio-économiques, délimitent en quelque sorte le domaine de validité des hypothèses de calcul de l’analyse socio-économique.

1) Récit d’un renouveau par la dérivation des rejets de la centrale EDF

2012-2017 : une mobilisation politique qui s’affirme

Le «top départ»…

En mai 2012, la décision officielle, largement médiatisée, de financer pour deux milliards d’euros la construction d’un ouvrage de dérivation afin de réhabiliter l’étang de Berre marque le début d’une large mobilisation des acteurs politiques et de la société civile.

Conscients que cette décision n’est qu’un premier pas vers un projet de développement original, centré sur un étang écologiquement réhabilité, les acteurs locaux qui défendent ce projet depuis plusieurs années, élus et société civile en particulier, s’organisent pour préparer le renouveau du territoire.

… d’une nouvelle gouvernance locale

C’est avant tout une vaste refonte de la gouvernance locale qui se dessine alors. Profitant du mouvement de restructuration urbaine, qui marque le sud du département depuis plusieurs années, autour des grands pôles et en premier lieu de l’agglomération de Marseille, les élus locaux entendent faire exister le territoire de l’étang. Celui-ci est jusqu’à présent mal identifié et peu lisible comme en témoignent les documents de planification, de la DTA aux SCOT, qui ne l’envisagent jamais comme une entité cohérente. Au mieux le territoire est considéré comme un pôle industriel important mais très fragile et qui reste, en tout état de cause, associé au pôle du port de Fos. Dans ce contexte, les stratégies des communes riveraines pour intégrer l’une ou l’autre des structures urbaines sont toujours apparues dispersées et peu lisibles à l’échelle du territoire de l’étang.

Or tous sont désormais conscients — élus locaux, grandes collectivités et services de l’État — qu’un des enjeux de la réhabilitation, en tant que projet politique, est de réussir à faire émerger une véritable gouvernance autour de ce territoire afin d’assurer une planification rigoureuse.

… au service d’une planification rigoureuse

Il s‘agit en effet d’anticiper l’attractivité d’un étang réhabilité, tant en termes de développement des loisirs de proximité et de l’activité touristique que de développement immobilier. Pour cela, il faut pouvoir mettre en oeuvre une maîtrise foncière afin de réserver des espaces pour les services collectifs, pour préserver les sites naturels et les paysages, pour garantir les accès aux espaces riverains et favoriser le développement des usages de proximité, pour gérer la fréquentation et les possibles conflits d’usage. Cette planification permet de garantir que l’attractivité du territoire n’induise pas, à termes, une privatisation des espaces autour de l’étang.

Ainsi, dès les premières années, alors que les travaux n’en sont encore qu’au stade des études préalables, les acteurs politiques se mobilisent pour faire exister ce territoire et organisent sa gouvernance en étroite coordination avec la préfecture. Celle-ci joue un rôle fondamental en accompagnant la démarche des acteurs locaux dans sa traduction en termes de document de planification et de regroupement intercommunal.

Des partenariats pour gérer l’espace …

Par ailleurs, profitant de ce dynamisme politique, le monde agricole initie avec les collectivités un partenariat original pour lutter contre l’étalement urbain et valoriser le paysage.

 

… et préparer la phase des travaux

L’enjeu est également d’organiser au mieux la phase des travaux pour minimiser ses nuisances et maximiser les retombées locales notamment en termes d’emplois.

 

2017 -2022 : le temps des travaux – préparer le territoire et mobiliser la population locale

En mars 2017, la première pierre du chantier est posée. Une journée festive est organisée en collaboration avec les acteurs touristiques qui lancent à cette occasion le nouvel « office du tourisme de l’étang de Berre ». Si le temps de la communication touristique n’est pas encore arrivé, il est en revanche nécessaire de préparer le territoire pour qu’il profite, plus tard, pleinement des retombées touristiques attendues : réflexion sur l’image touristique de l’étang de Berre, formation des acteurs touristiques locaux, structuration de l’offre, etc. C’est pour cette raison que les collectivités locales et le Comité départemental du tourisme ont œuvré pour opérer la mutualisation des moyens d’animation du secteur touristique.

Un des enjeux forts, pendant ces cinq années de travaux, est d’associer la population locale aux transformations attendues afin d’accompagner la reconstruction de l’identité territoriale. Les collectivités riveraines rassemblées au sein d’une structure intercommunale ont bien compris cette nécessité et ont lancé un vaste schéma d’aménagement des abords de l’étang qui doit prévoir, sur 15 ans, les investissements publics d’accompagnement à mettre en oeuvre. Son élaboration est l’occasion de nombreuses réunions de concertation avec les acteurs locaux. Les services de l’État et les grandes collectivités sont également très impliqués. Par ailleurs, des réunions publiques et des manifestations sont organisées avec la population. Le renouveau de l’identité du territoire est certes lancé mais il ne faudrait pas que les impacts négatifs liés à la phase de travaux notamment à l’ouest du territoire ne nuisent à la construction de cette image. D’où un effort d’accompagnement qui passe par une communication territoriale auprès du grand public sur les différents phasages des travaux et les efforts menés en parallèle par les pouvoirs publics pour préparer le territoire. Sur ce dernier point, le schéma prévoit dans la programmation des investissements d’accompagnement quelques projets phares à réaliser rapidement pour rendre visible les changements sur le territoire.

Des réalisations concrètes à mener rapidement

Une piste cyclable faisant le tour de l’étang et reliant l’ensemble des plages entre elles est ainsi inaugurée en 2018, elle s’inscrit dans un programme plus vaste de développement du vélo au sein de chaque commune riveraine. Deux nouveaux sites de baignade dont la plage de Figuerolles sont aménagés et ouverts au public pendant cette même période.
Les impacts positifs des travaux sont également mis en avant : emplois et retombées pour l’économie locale.

Plage Des Cabassons 2

Au-delà de ce schéma d’aménagement, c’est l’ensemble des politiques d’aménagement du territoire qui sont investies par les élus et leurs services et par l’administration, en fonction des compétences de chacun. Par exemple, les services de l’Etat intensifient leur politique de suivi et de règlement des problèmes de gêne olfactive, en menant des négociations avec les industriels à l’origine de ces nuisances. Les politiques de transport font l’objet d’une attention particulière. Un système de transport nautique est par exemple mis en place sur l’étang de Berre pour faciliter les déplacements d’une rive à l’autre de l’étang. Les collectivités poursuivent également leur partenariat avec la profession agricole non seulement sur la question de la maîtrise du foncier mais également sur les enjeux de gestion des espaces naturels en lien avec le Conservatoire du littoral.

2022- 2032 : Tirer les bénéfices économiques et sociaux de la réhabilitation écologique de l’étang

2022 voit l’aboutissement de 10 ans de mobilisation des collectivités, de l’administration et des services de l’Etat et, bien sûr, la fin des travaux. L’inauguration de la mise en route de la dérivation, co-présidée par le Commissaire européen à l’Environnement, le Préfet de région et les représentants des grandes collectivités territoriales, est bien entendu largement médiatisée. On notera en particulier les gros titres de la Provence « Etang de Berre » (qui depuis 10 ans rassemble dans une même édition du journal l’ensemble des communes riveraines) : « Renaître avec notre étang : un projet exemplaire dont on peut être fier» et le discours de l’un des présidents des collectivités territoriales présentes qui rappelle les grandes lignes de l’ambition poursuivie par les parties prenantes.

Extrait du discours (fictif)

« Depuis maintenant 20 ans que la décision de réhabilitation de l‘étang est officielle, élus, services de l’État et des grandes collectivités, sans oublier la société civile ont su se rassembler pour infléchir les tendances du passé, et porter un nouveau regard sur cet étang. Si par le passé le développement industriel et énergétique a nécessité de sacrifier notre étang, désormais celui-ci est notre moteur pour promouvoir un mode de développement solidaire et durable. Aujourd’hui est une étape majeure d’une mobilisation qui est déjà visible pour tous les habitants du territoire et qui va se poursuivre pour aller jusqu’au bout de notre ambition politique. Cette ambition : faire de ce territoire une vitrine régionale d’un modèle de développement assis sur un patrimoine écologique remarquable et inscrit dans la durée ; recréer un attachement au patrimoine écologique, socle d’une identité territoriale, garant de liens sociaux car proposant un cadre serein pour développer des activités de proximité et au final un attachement qui renforce la cohésion sociale du territoire Du point de vue économique, l’étang réhabilité va devenir le support d’une multitude d’activités qui créeront des emplois locaux, non délocalisables, accessibles aux jeunes et aux populations peu qualifiées. Un étang où chacun peut trouver sa place pour aborder l’avenir plus sereinement.»

Martine VASSAL Présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence

La montée en puissance des activités de loisirs et touristiques …

Les années qui suivent, les initiatives collectives et publiques s’accélèrent et entraînent une dynamique associative et des investissements privés dans leur sillage. C’est tout d’abord le lancement d’une grande campagne de communication touristique et l’organisation d’une série d’évènements par l’office du tourisme de l’étang de Berre (régate, etc.) qui donnent à voir le changement. Très rapidement, les activités de loisirs se développent et se diversifient. La demande des populations locales, y compris venant de Marseille ou d’Aix, est en premier lieu le moteur de cette dynamique, grâce aux efforts engagés ces 20 dernières années pour préparer le territoire. Clubs nautiques, associations sportives et culturelles, activités scolaires, investissent les rives de l’étang et les aménagements déjà en place.

Patrice Aguilar, Régate sur l'étang de Berre

L’initiative privée est également stimulée : loueurs de pédalos, de VTT, accrobranche, balades sur le plan d’eau, petite restauration (guinguettes), etc. En matière d’hébergement touristique, le travail des acteurs du tourisme porte ses fruits, une offre de qualité qui répond à l’image de l’étang de Berre réhabilité commence à émerger : formules d’accueil originales (cabanes dans les arbres, camping/yourte, etc.) et en lien avec le territoire (gîte à la ferme, chambres d’hôte). Au final, si le tourisme peut prendre différentes formes — tourisme vert avec la valorisation des espaces naturels (les rives de l’étang), tourisme d’affaires à l’est, tourisme familial, son levier principal repose sur l’image du territoire.

…ainsi que de la pêche professionnelle

L’autre secteur qui profite pleinement de la réhabilitation est la pêche professionnelle. Historiquement bien structurée, elle est prête à profiter de l’augmentation progressive de la biomasse. Grâce notamment à son école de pêche locale et à la promesse de captures de plus en plus importantes, elle envisage d’installer progressivement de nouveaux pêcheurs. Le développement d’activités secondaires, comme la pêche aux oursins, participe par ailleurs à l’amélioration des revenus des pêcheurs. Certes le climat global de la pêche est toujours tendu et les autorisations de pêche se délivrent au compte-goutte mais, dans ce contexte, la pêche artisanale est la mieux lotie et la profession sait en tirer parti dans les négociations. Le développement d’activités secondaires, comme la pêche aux oursins, participe par ailleurs à l’amélioration des revenus des pêcheurs.

Au-delà de l’activité économique proprement dite, c’est une véritable animation locale qui s’organise autour de cette activité qui participe pleinement de l’identité de l’étang : vie des ports, fêtes locales, cuisine traditionnelle, etc.

Une planification urbaine effective

En termes urbanistiques, si quelques opérations malheureuses sont à déplorer, les programmes de rénovation des centres urbains et des abords des villes, notamment à l’est du territoire, ont permis d’améliorer les paysages. Mais surtout dans ce secteur toujours soumis à une forte pression urbaine, la réussite du parc agraire a marqué les esprits et participé d’une rupture dans la fuite en avant de l’étalement urbain.

Un amortisseur économique …

15 ans après la mise en route de la dérivation, le pari initial semble gagné. Le territoire a d’ailleurs fait face, sans crise majeure, à la réduction des emplois industriels qui s’est poursuivie dans la région.

…et une cohésion sociale renforcée

Le sondage réalisé en 2032, 10 ans après la mise en en route de la dérivation, témoigne d’une fierté identitaire forte et les personnes interrogées qui se déclarent moins angoissées face à l’avenir sont plus nombreuses qu’au niveau national. Le cadre de vie renouvelé et l’offre de pratiques de plein air participent de cette amélioration du bien être et du lien social.

Un territoire d’exception

À l’échelle régionale, cette expérience territoriale innovante est valorisée. L’augmentation de la production hydroélectrique, rendue possible par la dérivation, participe de l’amélioration de la sécurisation toujours problématique de l’approvisionnement de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans un contexte où les valeurs environnementales prennent une importance toujours croissante, la Région affiche l’étang de Berre comme un joyau local d’ampleur nationale.

2) Prospective sur la restitution

Une réhabilitation écologique sans «top départ»

À la grande différence de l’option dérivation, l’option restitution ne constitue pas un signal politique fort. La décision prise, en 2012, de limiter les rejets dans l’étang de Berre au strict minimum estimé à environ 300 mm3 n’enclenche ainsi aucune dynamique collective à l’échelle du territoire de l’étang. La réversibilité de la décision ainsi que les incertitudes quant aux arbitrages futurs en cas de situation exceptionnelle, qui pourraient temporairement autoriser des rejets plus importants, pèsent en effet fortement sur la mobilisation locale.

Dans ce contexte, les acteurs locaux ne réussissent pas à s’entendre sur une stratégie collective pour faire exister le territoire de l’étang dans la dynamique de restructuration urbaine de la première décennie des années 2000. Les communes poursuivent des stratégies de regroupement intercommunal différenciées. L’étang de Berre reste ainsi écartelé entre les différents pôles urbains qui l’entourent, sans visibilité d’ensemble.

La mise en place d’une gouvernance à l’échelle du territoire de l’étang de Berre se renforce malgré tout dans la continuité des efforts passés qui ont vu naître le Gipreb. Cette gouvernance est centrée sur la question de la gestion de l’étang et n’a pas vraiment les pouvoirs d’investir le champ de l’aménagement territorial.

Une dynamique fondée sur l’initiative spontanée qui profite d’abord aux loisirs de proximité

Si la mobilisation collective politique n’est pas au rendez vous, l’amélioration visible de l’état écologique de l’étang de Berre, au bout de quelques années, porte ses fruits. De ce fait, après une période d’attentisme, un certain nombre d’initiatives privées et publiques se développent sur le territoire, de manière dispersée. À l’ouest de l’étang en particulier, qui dispose d’une image plus valorisée qu’à l’est, les communes poursuivent voire intensifient leur politique d’aménagement et d’entretien des plages pour accompagner une attractivité spontanée. La fréquentation des sites de baignade et la pratique d’activités nautiques augmentent doucement mais notablement. L’effet du bouche à-oreille est déterminant. Il repose essentiellement sur une expérience vécue d’un étang de qualité sans être relayé par une communication globale. Au final, même si cela prend plus de temps, le niveau de fréquentation par la population locale des plages de l’étang est proche de celui atteint dans l’option dérivation. Cette attractivité pour un espace naturel de qualité reflète très bien, d’ailleurs, la demande sociale grandissante pour l’environnement qui marque la première moitié du XXIème siècle.

Une activité touristique plus faiblement stimulée

À l’inverse, en l’absence de coordination et d’actions de communication orchestrées à une échelle adéquate, l’activité touristique ne décolle que lentement et surtout ne profite pas pleinement du potentiel de la réhabilitation de l’étang. Aucune campagne de communication nationale n’est lancée et les initiatives privées qui se développent ne suffisent pas à induire une attractivité touristique au-delà des frontières régionales. Faute de politique de coordination et de mise en réseau des différents opérateurs touristiques et plus globalement, faute d’une réflexion sur un schéma de développement touristique, l’évolution de la fréquentation touristique est essentiellement liée à la hausse démographique. Celle-ci entraîne de manière «mécanique» une augmentation de touristes liée aux visites faites aux parents et amis. Le tourisme profite par ailleurs des politiques publiques mises en place pour accompagner la fréquentation des plages de l’étang de Berre. Mais au-delà, l’offre d’activités reste restreinte et ciblée sur une clientèle locale non touristique. Au final, le territoire réussit cependant à neutraliser son image négative et rattrape en matière d’équipement touristique la moyenne nationale.

 

Une augmentation de la biomasse qui conforte les pêcheurs en place

En quelques années, l’augmentation de la biomasse est visible dans les captures des pêcheurs. Cette amélioration conforte une profession en difficulté en lui donnant les moyens, grâce à un chiffre d’affaires plus confortable, de faire face aux différentes contraintes qui s’imposent à elle. Cette amélioration concrète profite non seulement aux pêcheurs de l’étang mais également aux pêcheurs de mer qui viennent désormais exercer dans l’étang quand les conditions en mer sont trop difficiles.

En revanche, l’installation et la transmission des entreprises de pêche restent difficiles : l’incertitude qui pèse sur la réversibilité de la qualité de l’étang ne permet pas aux jeunes d’investir sereinement pour s’installer. De ce fait, les reprises d’activité se font essentiellement dans un cadre familial. Au final, en 2030, on vit mieux de la pêche sur l’étang mais le nombre de pêcheurs évolue peu et le potentiel de pêche est globalement sous exploité.

 

Pêcheurs relevant leur filet

3) Prospective sur le scénario tendanciel

Poursuite des logiques de développement héritées du passé

Par définition, le scénario tendanciel poursuit les dynamiques en cours, sans modifier les rapports de force et les régulations qui prédominent. Malgré la décision de prolonger définitivement l’expérimentation de 2006-2010 qui limitent les rejets dans l’étang de Berre, les controverses quant à l’existence même d’effets sur l’état écologique et le côté réversible de la décision limitent toute mobilisation collective pour valoriser l’étang.

Un territoire toujours illisible

Globalement, en tendanciel, le territoire est toujours écartelé entre les différents pôles urbains qui l’entourent, sans visibilité d’ensemble. Dans la dynamique de restructuration urbaine de la première décennie des années 2000, les communes ont eu des stratégies différenciées et la cohérence globale de l’étang s’en est trouvée amoindrie. La gouvernance à cette échelle a cependant évolué avec une volonté de fédérer les acteurs locaux autour d’un syndicat mixte de l’étang mais elle reste centrée sur la question de la gestion de l’étang et n’a pas vraiment les pouvoirs d’investir le champ de l’aménagement territorial.

Un développement du tourisme et des loisirs de proximité tiré par la démographie …

Dans ce contexte, en 2030, un des principaux moteurs d’évolution des activités de tourisme et de loisirs de proximité est la dynamique démographique. En 20 ans, le territoire de l’étang de Berre, suivant l’évolution du département des Bouches-du-Rhône, voit ses habitants augmenter de 9 %. Cet afflux de population entraîne mécaniquement une hausse de la fréquentation touristique liée en particulier aux visites faites aux parents et amis. De manière générale, le territoire souffre toujours cependant d’une image très dégradée, sans cohérence globale et les efforts déployés par les différents acteurs touristiques et les collectivités tendent avant tout à neutraliser cette image pour ne pas être répulsif et profiter des identités touristiques plus positives des territoires adjacents. Grâce à la position relativement centrale de l’étang, associée à des prix moins élevés que dans les grands pôles touristiques, chaque collectivité cherche à attirer, sur son territoire de compétence, les touristes qui visitent les sites majeurs du département. En matière de loisirs de proximité, les initiatives de certaines communes en termes d’aménagement des plages entraînent pendant quelques années une augmentation de la fréquentation notable qui se stabilise ensuite. Les autres types de loisirs (randonnées, vélo, etc.) ne bénéficient pas de ces dynamiques locales et leur évolution est essentiellement liée à la hausse de population.

 

… qui profite différemment au territoire

Sur le territoire de l’étang, sur la période, ces dynamiques sont assez contrastées. L’ouest de l’étang tire plutôt bien son épingle du jeu, contrairement à l’est. Les initiatives privées et un certain dynamisme des communes permettent d’attirer les touristes comme l’illustre le succès des ballades en bateau sur la « Mer de Berre » organisées à Istres et la poursuite du « plan plages » lançé en 2010 sur Istres. Martigues, commune la mieux lotie en termes d’image touristique, a développé un grand projet de thalasso et propose toujours des manifestations attractives. À l’est, l’activité touristique est toujours très peu liée à l’étang et la fréquentation des rives concerne essentiellement un cercle d’habitués parmi les résidents permanents. La possibilité de pratiquer certains sports particuliers (kite-surf, etc.) attire également, spontanément, une population qui peut venir de l’agglomération de Marseille, dans un cadre relativement peu organisé et sur des sites bien identifiés.

Plage de Romaniquette – M.Torres

La pêche une activité en déclin

Le secteur de la pêche professionnelle souffre toujours, en 2030, de difficultés structurelles. Si des pêcheurs sont toujours actifs sur l’étang, leur nombre a diminué. Il est de plus en plus difficile de former des jeunes et de les convaincre d’investir dans le matériel compte tenu du manque de perspective d’évolution de la situation tant en termes de qualité de l’étang que du contexte global de la pêche. Seuls perdurent les pêcheurs les plus solides qui peuvent transmettre à un de leurs enfants leur bateau. Au final, l’étang de Berre reste en 2030, toujours peu investi au regard de son potentiel environnemental.

– port de Saint Chamas,  Pêcheurs d’anguilles –M.Torres
Article modifié le 25/10/2018