La plus jolie d’Aubrac, c’est Martine. Son maquillage est juste parfait : ses ombres noires autour de ses yeux eux-mêmes bien noirs, la blancheur du bout de son nez, ses longues cornes en forme de lyre qui pointent vers le ciel, sa robe couleur froment…, c’est vraiment la plus belle ! Et quel aplomb ! Elle n’est pas destinée au mannequinat, trop petite, trop trapue ! Trop maternelle aussi ! Elle déambule en petite Camargue, profitant pour quelques jours encore de l’air iodé de l’étang. Ses vacances à Saint-Chamas vont bientôt s’achever. Elle ira passer l’hiver dans les Alpilles. Mais promis, elle reviendra au printemps…
Martine, c’est sa préférée à Bastien. S’il pouvait, il l’emmènerait à Paris pour la présenter au Salon de l’agriculture. Sûr qu’elle y aurait du succès ! De ses souvenirs d’enfance en Aubrac, c’est son amour pour les vaches qui ressort. L’aubrac, c’est en effet une race bovine prestigieuse. Les professionnels de la boucherie et les tables renommées lui réservent une place de choix. Mais Bastien, lui, c’est le regard d’un amoureux qu’il pose sur son troupeau…
C’est une passion qu’il partage avec son frère, Laurent. Ils se sont installés en Gaëc à Eyguières avec leur mère qui, elle, élève des chèvres et fait du fromage. Après un BTS agricole, Bastien a poursuivi ses études en master de commerce (agroalimentaire). Mais il a préféré se lancer dans l’élevage. A 28 ans, il est plein d’idées, plein de projets.
Laurent et lui ont fait le pari de la qualité et ils font du bio. Comme dans toutes les petites exploitations, leurs activités sont multiples et s’organisent en ateliers : un pour les vaches allaitantes, un pour les porcs de plein-air. Ils sont aussi autonomes pour l’alimentation des bêtes. Ils privilégient les circuits courts (magasins et boucheries locales, comme à Saint-Chamas) et font aussi de la vente à la ferme. Loin de l’élevage intensif, on est ici sur de petites productions.
En plus d’être belles, les vaches d’Aubrac sont robustes, s’adaptent à tous climats. Elles sont implantées partout dans le monde que ce soit dans le désert ou dans les terres froides. Elles ont aussi des qualités maternelles, elles vêlent facilement et allaitent leur veau sans souci. En ce mois de novembre, à Saint-Chamas, elles sont d’ailleurs toutes des futures mères. Un peu à l’écart, couché sous un arbre, Gardian, un des taureaux géniteurs, regarde tranquillement ses miss. Il ne prendra même pas la peine de venir nous saluer !
Ces terrains de petite Camargue appartiennent au Conservatoire du littoral. Ce sont des terres de pâturage qui doivent rester à l’état naturel, sans apport organiques. Mais pour que la biodiversité ne chute pas, un milieu doit être ouvert. C’est pourquoi, sur ce site classé Natura 2000, une convention d’une durée de six ans a été signée en 2015 avec les éleveurs d’Eyguières pour que leur troupeau entretienne la Petite Camargue. Les vaches le font de façon efficace et économique. Et vue la pression foncière dans les Alpilles, Bastien est très content de ce contrat qui lui a permis de trouver des terres où faire paître le troupeau.
Dans quelques jours, elles iront passer les mois d’hiver et mettre bas à la ferme. Après les velages, Bastien, profitera de cette proximité pour renforcer ses liens avec les bêtes et pour chouchouter plus particulièrement Martine, sa préférée…
Pour déguster la viande d’Aubrac :
Directement à la ferme : Gaec CHIARI, chemin du mas d’Espagne, 13430, Eyguières
Boucherie « chez Jean-Pierre et Martine » 12 Rue Gambetta, 13250 Saint-Chamas
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