Après une année 2019 marquée par des apports en eau faible, en 2020, les apports en eau par la centrale hydroélectrique sont les plus importants (1 493,50 m3) depuis la mise en place des nouvelles modalités de rejets. Particulièrement, le début de l’année de 2020 est marqué par ces apports importants. Sur les six premiers mois de l’année, 920 millions de m3 d’eau sont ainsi apportés par EDF contre seulement 574 millions sur toute l’année 2019. Cet apport d’eau douce a engendré une diminution de la salinité de la couche de surface. Les années précédentes, exception faite de 2018, il était courant d’avoir des salinités de l’ordre de 29 – 30 en surface, en fin d’été, avant la reprise des turbinages. En 2020, la salinité n’a pas dépassé les 25. Cela a eu pour conséquence une stratification marquée de la colonne d’eau. Cette importante différence de salinité entre la surface (25) et le fond (34) a conduit à une réinstallation rapide de la stratification après les épisodes de vent. Des pics de concentrations en nutriment et notamment en azote inorganique ont été observé au début de l’année. Ces concentrations de nutriments dans la colonne d’eau sont la résultante des apports importants par le bassin versant mais aussi du fonctionnement de l’étang par la reminéralisation de la matière organique. Ainsi, des blooms phytoplanctoniques sont apparus en fin d’été. Ces deux phénomènes (stratification et eutrophisation) ont provoqué des anoxies dans les zones profondes et pouvant même remonter jusqu’à 4 m de profondeur. En fin d’été la baisse des températures et le retour des épisodes venteux ont permis de limiter le phénomène et, peut-être, d’éviter la survenue d’une nouvelle crise écologique.
Ces anoxies estivales ont cependant eu des conséquences sur le compartiment de la macrofaune benthique. Ce compartiment est toujours très dégradé depuis la crise de 2018 et les indicateurs ne montrent pas de signe de recolonisation. En profondeur, à la fin de l’été, il y a une absence de vie témoignant de mortalités liées aux conditions anoxiques. Sur la bordure côtière, on observe une réapparition des coques et des juvéniles de palourdes au début de l’année 2020 mais la pêche, notamment illégale, a fait diminuer le stock de manière importante. En ce qui concerne les moules, alors qu’en 2019 la majorité du peuplement était constitué de naissain, en 2020, on observe une plus grande diversité de taille mais des abondances globalement plus faibles que l’année précédente.
Les valeurs de salinité plutôt faibles au printemps 2020, sous l’effet des turbinages importants, ont aussi eu des conséquences sur les peuplements de macrophytes. Ainsi, les chlorobiontes (algues vertes) notamment les ulves, sont en baisse, remplacé par les Calithamniae (algues rouges). Les zostères montrent des signes de reprise avec une surface estimée à 8,2 ha en 2020 contre 7,2 ha en 2019. Pour rappel, les herbiers de zostères couvraient près de 18 ha en 2018 avant la crise. Cette aire de répartition des herbiers de zostères est encore très loin des objectifs du Gipreb (1 500 ha). Cette reprise se fait à partir de jeunes pousses de zostères autour des taches persistantes de 2019. On observe notamment cette dynamique sur les zostères de l’étang de Vaïne ou de la pointe de Berre qui avait été particulièrement impactés par la crise de 2018. Mais à ce stade, ces ensembles de taches ne constituent pas encore des herbiers, et n’assurent ainsi pas complètement leur rôle écologique. Néanmoins, cela montre une dynamique de progression.
En conclusion, les apports importants de la première partie de l’année 2020, ont durablement stratifiés la colonne d’eau et influencés les peuplements de macrophytes et favorisés l’apparition d’anoxies en profondeur. Les épisodes réguliers de vent, ont permis des brassages de la colonne d’eau évitant que ces anoxies ne se propagent vers la surface. Si des signes évidents de reprise sont visibles, l’écosystème n’est pas encore revenu à son état d’avant crise. En 2020, les niveaux d’eutrophisation de l’eau retrouvent des valeurs plus faibles que l’année 2019 comparable aux années avant crise, mais les compartiments de la macrofaune benthique et des macrophytes restent largement moins bien représentées que les années précédentes la crise. Les conséquences de la crise de 2018 sont donc plus durables pour ces compartiments L’année 2019 avait montré le faible impact sur l’étang, notamment sur la salinité et la stratification des crues décennales des fleuves côtiers en l’absence de rejet EDF. L’année 2020 confirme la dépendance de l’étang aux régimes de turbinages EDF dans les volumes actuels. Ce qui se comprend aisément quand l’équivalent du volume de l’étang est déversé au cours de six premiers mois de l’année.
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