L’objectif du projet OBSLAG Pesticides porté par l’Ifremer (dont le Gipreb est un des partenaires) est de dresser un état des lieux de la problématique des pesticides dans les lagunes méditerranéennes au regard du risque qu’ils occasionnent pour ces écosystèmes. Une des conclusions essentielles de cette étude est de confirmer que toutes les lagunes présentent un risque chronique fort. Néanmoins, l’étang de Berre est la lagune la moins touchée par la problématique pesticides (QR cumulé de 1,8) après l’étang de Biguglia (QR cumulé de 1,0), loin derrière l’étang de l’Or ((QR cumulé de 23,5), Ayrolle et Méjean.
L’originalité de la démarche est de rechercher des molécules qui ne font pas spécifiquement partie des listes des substances prioritaires, prises en compte pour définir l’état chimique des masses d’eau au sens de la Directive cadre sur l’eau. Ainsi cette étude est complémentaire de l’état des lieux de la DCE. De plus, elle étudie un niveau de risque éco-toxicologique pour chaque lagune en fonction de l’association, ou des cocktails, de substances et de leurs concentrations individuelles. En effet, “les travaux sur les mélanges de contaminants mettent aujourd’hui en lumière les effets cumulés des “cocktails” sur les organismes vivants“.
Pour les 10 lagunes étudiées, 6 campagnes de prélèvements ont été réalisées entre septembre 2017 et juillet 2019. 72 matières actives et métabolites ont été suivies à travers la pose d’échantillonneurs passifs appelés « POCIS » (Polar Organic Contaminant Integrative Sampler). Des prélèvements d’eau ponctuels ont été réalisés à chaque pose des pocis car certaines substances comme le glyphosate ne peuvent être détectées autrement.
Le métolachlor est le pesticide le plus préoccupant pour les lagunes. C’est ce pesticide qui contribue au risque pesticide fort pour l’étang de Berre en particulier lors de l’hiver 2018, pourtant particulièrement peu pluvieux. “Ce qui confirme bien“, souligne le rapport d’Ifremer, “que le paramètre pluviométrie seul n’est pas suffisant pour décrire les transferts de pesticides aux lagunes, particulièrement sur l’étang de Berre où l’hydrologie est complexe et en partie contrôlée par l’homme (centrale hydroélectrique de Saint-Chamas)”.
Cette étude devrait permettre d’aboutir à l’interdiction d’usage du s-métolachor, compte tenu de cet état des lieux du risque pour les lagunes…
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