JUVABERRE : étude de la fonction nurserie de l'étang de Berre
Comment se portent les poissons juvéniles de l'étang ?
Co-financé par l’appel à projet Biodiversité de l’Agence de l’Eau, cette étude vise à étudier la fonctionnalité écosystémique de nurseries de l’étang de Berre et de l’étang de Bolmon, et de proposer si besoin une stratégie opérationnelle de renforcement ou protection de cette fonctionnalité (via de la restauration écologique par exemple). Elle s’inscrit dans le cadre de la saison 2 du Contrat d’Étang (action A2-30). Les rapports finaux de l'étude seront fournis en avril 2020.
Le rôle de nurserie
Le cycle de vie des poissons est assez complexe et passe par différentes phases de croissance, pouvant se réaliser dans des habitats différents. Après la reproduction et l’éclosion des œufs, les larves ont une phase pélagique, c’est à dire en pleine eau. Il s’agit d’une phase de dispersion permettant d’assurer un brassage génétique et la colonisation de nouveaux habitats. A l’issue de cette phase, les larves deviennent plus actives : les « post-larves » se déplacent vers un habitat favorable à leur installation. Une fois installés, on parle alors de juvéniles. Leur habitat est une nurserie qui va leur procurer abri et nourriture durant cette phase. Lorsque leur taille est suffisante, quelques mois à quelques années selon les espèces, ils intègrent la population des adultes, c’est le recrutement.
A chacune de ces phases les taux de mortalité sont importants principalement sous l’effet de la prédation. Ainsi, sur un million d’oeufs, un seul arrivera à la taille adulte. La phase d’installation (de post-larves à juvéniles) est limitée par la présence d’habitats favorables, les compétitions inter- et intra-spécifiques et la prédation. Entre l’installation et le recrutement, le taux de mortalité est généralement supérieur à 90 %. L’importance des habitats de nurseries est donc primordiale pour limiter la mortalité des post-larves. Ces habitats doivent être diversifiés et en nombre suffisant, et proposer suffisamment de nourriture pour limiter la compétition. Ils permettront ainsi au juvénile de grandir jusqu’à une taille refuge permettant d’échapper à la prédation.
Les lagunes jouent un rôle majeur de nurseries pour de nombreuses espèces de poissons. Ce rôle fonctionnel des nurseries est primordial pour la biodiversité ichtyologique des lagunes mais aussi des zones côtières afférentes.
L’étang de Berre, de par ses dimensions, sa diversité d’habitat et sa situation au centre du golfe du Lion est un enjeu majeur pour sa capacité intrinsèque d’exportation de juvéniles vers le reste des petits fonds côtiers méditerranéens.
Les nurseries de l’étang de Berre
Ce rôle de nurserie de l’étang est peu connu. Il n’y a aucune étude jusqu’à présent. Pourtant, les 80 km de côtes de l’étang de Berre, avec des fonds peu profonds peuvent offrir une diversité d’habitats de nurseries pour l’installation des juvéniles : fonds sableux, enrochements naturels ou artificiels, herbiers de macrophytes… De plus, sa situation à proximité de la côte bleue, de la rade de Marseille et du parc national des Calanques lui procure un rôle central à l’export des jeunes adultes, notamment pour certaines espèces commerciales (loup, daurade).
JUVABERRE : Une étude originale
L’objectif du projet JUVABERRE est de lister les habitats de nurseries de l’étang de Berre sur les petits fonds côtiers et de vérifier leur état de conservation en listant et quantifiant les espèces présentes. Des échantillonnages sur différents habitats auront lieu à différentes saisons favorables à l’installation des juvéniles : printemps, été et automne.
Un regard inédit est également apporté par l’immersion d’unités standardisés d’observation UOS. Il s’agit de récifs artificiels, formés d’agrégats de coquilles d’huîtres favorisant la concentration d’espèces. Ces UOS vont permettre l’observation de certaines espèces plus difficile à observer en milieu naturel comme les juvéniles d’anguilles. Elles pourront aussi servir de comparaison avec d’autres lagunes où des systèmes similaires existent (Réseau Respire).
Les premières plongées d’observation sur les sites naturels et les UOS ont eu lieu en Mars et Juin 2018. Des prochaines campagnes sont prévus au cours de l’année 2019, pour un rendu final du projet fin 2019.
Ci-dessous, un reportage de France3 sur ce projet :