Les réseaux sociaux propagent beaucoup de fausses informations qui se propagent à vitesse grand V. Il est difficile de faire passer des messages simples et vrais…
Oui, il y a actuellement sur l’étang de Berre une prolifération d’algues vertes (ulves) qui s’échouent sur les rivages de l’étang et qui, si elles ne sont pas ramassées dans les 36 h, peuvent entraîner des dégagements d’hydrogène sulfuré (H2S). C’est pour cela que les communes posent un périmètre de sécurité de 30 mètres autour de ces échouages, selon les recommandations de l’Anses.
Oui, le Gipreb finance actuellement une opération de ramassage par l’entreprise Poletto sur le secteur du Jaï de Châteauneuf -les-Martigues qui a été programmée la semaine dernière et qui a débuté mardi en raison du lundi de pentecôte. La poletto-Mobile était intervenue auparavant sur le Jaï, côté Marignane.
Oui, le périmètre de sécurité était mis en place par la commune de Châteauneuf-les-Martigues et les panneaux d’interdiction indiquaient la présence des algues. Dès le 24 mai, le site internet du Gipreb en faisait une actualité.
Non, il n’y a pas d’efflorescence de cyanobactéries dans l’étang de Berre ! S’il y en avait, la baignade serait interdite dans l’étang de Berre !! Ces efflorescences sont visibles à l’oeil nu.
Pourquoi il y a t-il des algues vertes dans l’étang ? Parce qu’il y a trop de nitrates dans l’étang qui nous arrivent par la centrale EDF et la crise écologique de 2018 a entraîné d’importants relargages de nutriments.
Les algues vertes sont des espèces nitrophiles, très demandeuses d’azote qui ne peuvent se développer en masse que si le site est enrichi par un apport d’azote (sous forme de nitrate et/ou d’ammonium). La principale source d’apports d’azote (plus de 50 %) vient des apports d’eau de la centrale EDF. Ces proliférations algales illustrent, s’il en était encore besoin, l’excessive eutrophisation de la lagune de Berre.
Il était également prévisible que ces espèces nitrophiles soient particulièrement présentes en 2019, du fait de la remise en suspension et du relargage de nutriments par dégradation de la matière organique présente à la surface des sédiments après la crise anoxique et écologique de 2018.
Comme toute prolifération d’une espèce particulière, une marée verte perturbe la biodiversité locale. L’ulve fixée sur un substrat a tendance à éclipser les autres plantes aquatiques (zostères) par réduction de la place et de l’éclairement disponibles.
La nuisance la plus prégnante, celle qui fait fuir les touristes et qui désole quotidiennement les riverains, c’est la puanteur causée par les émissions d’hydrogène sulfuré. Ces émissions sont potentiellement dangereuses et peuvent provoquer nausées, vertiges, irritations respiratoires… La dangerosité des ulves résulte uniquement de leur décomposition. Desséchées par le soleil et le vent, les ulves constituent vite une croûte blanchâtre rigide. Imperméable aux échanges gazeux, cette croûte empêche la diffusion d’oxygène depuis l’atmosphère et bloque en sens inverse le dégazage de l’hydrogène sulfuré produit par la fermentation sulfato-réductrice des algues entassées. Un animal ou un humain marchant dans ces dépôts en décomposition, en crevant la croûte superficielle, libère alors instantanément un jet très concentré d’hydrogène sulfuré et d’ammoniac, d’autant plus dangereux qu’on le respire près du sol. C’est la raison pour laquelle, au bout de 36 h d’échouages d’ulves, les communes sont contraintes de poser un périmètre de sécurité de 30 mètres autour des échouages. C’est ce qu’a fait la commune de Châteauneuf-les-Martigues.
Les communes, en cas d’échouages d’ulves, contrôlent la présence d’hydrogène sulfuré. Mardi 11 juin, le détecteur d’H2S n’a pas bippé de toute la journée. En revanche, depuis hier, du fait des passages successifs de la Poletto-Mobile sur le site, il y a une présence d’H2S. C’est ce qui explique que le personnel chargé du ramassage porte des masques de sécurité.
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