Wiliam Tillet, premier prud'homme de pêche de Martigues, consulte de vieux registres.

Réelu prud’homme de pêche, une vraie vocation pour William Tillet

Le 29/12/2021
A la Prud'homie de pêche depuis 22 ans, William Tillet connaît son sujet ...

Premier prud’homme de pêche

Wiliam Tillet, premier prud'homme de pêche de Martigues, consulte de vieux registres.
Wiliam Tillet, premier prud’homme de pêche de Martigues, consulte de vieux registres.

De ses mains calleuses de pêcheur, William Tillet ouvre avec délicatesse l’épaisse reliure de toile d’un registre de pêche datant de 1927 et conservé précieusement au tribunal de pêche de Martigues. Sur les pages de papier jauni se déroulent des centaines de tableaux, remplis d’une belle écriture déliée. Le témoin d’une époque révolue où les prud’hommes de pêche consignaient à la main sur la criée toutes les prises du jour de chaque pêcheur de l’étang de Berre. Ainsi que le prix des ventes dont un pourcentage était collecté par la prud’homie. « C’était un système très fiable et minutieux ! » explique William, premier prud’homme pêcheur du quartier maritime de Martigues. « Sans doute bien plus fiable que le système actuel de fiches de captures que les pêcheurs envoient eux-mêmes à la Direction Départementale des Territoires et de la Mer » regrette le pêcheur de 76 ans, avant d’ajouter « Il faut dire qu’à l’époque, les comptes étaient tenus d’autant plus précisément que c’était ce qui faisait vivre la prud’homie. »

« Une prud’homie c’est une vieille dame bien poussiéreuse, car elle a entre cinq et six siècles d’existence tout de même ! » (William Tillet)

La prud’homie de Martigues compte sept prud’hommes, un par secteur[1], supervisés par le premier prud’homme. Le regard bleu perçant, l’ancien scaphandrier brigue ce poste depuis vingt-deux ans, autant dire qu’il connait son sujet. Bien que bourru au premier abord, la passion prend vite le dessus et ce passionné de pêche à l’oursin raconte volontiers son parcours. « On devient prud’homme pour une raison égoïste au départ : on veut s’occuper de son cas ! Des choses ne vont pas, il faut trouver des solutions » explique William. Mais s’il y a beaucoup de pêcheurs, il y a peu de prud’hommes… « On se rend compte que c’est une vraie vocation. Un pêcheur a un rythme de vie très irrégulier, il doit se lever très tôt, fait des journées à rallonge. Et être prud’homme, c’est un travail à faire en plus ! C’est s’occuper des problèmes des autres en plus de ses propres problèmes… donc la plupart n’ont pas le temps. » Et il faut de l’expérience : dix ans comme patron-pêcheur dans le quartier maritime en question. Puis il faut se faire élire, prêter serment, et pour le premier prud’homme apprendre à connaître sur le bout des doigts le fonctionnement de tous les métiers pratiqués dans son quartier maritime, pour en avoir une bonne vision d’ensemble.

La prud’homie est un lieu social, rassurant. C’est un peu la maison des pêcheurs sur le port.

Avec moins de 2 000 marins-pêcheurs en Méditerranée contre 28 000 dans toute la France, la voix des prud’homies est peu audible au niveau national. Certains aimeraient d’ailleurs bien les supprimer… Mais pour William Tillet « cela reste avant tout la maison des pêcheurs, sur le port. Une instance rassurante, de proximité. Les marins entrent, sortent, c’est un lieu social. »

[1] Le deuxième prud’homme, en charge de l’étang de Berre, est Jonathan PILATO

Commentaires

Vous souhaitez commenter cet article ? Lancez-vous !

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *