Christophe Mirmand , Préfet de Région était présent à Berre l’Etang, ce lundi 23 janvier, pour afficher la volonté de l’Etat d’avancer sur la question de la réhabilitation de l’étang de Berre et en particulier sur le dossier des rejets de la centrale EDF de Saint-Chamas, principale source de pollution de l’étang de Berre. Pour lui, la dérivation des rejets des eaux de la Durance semble être la solution la plus adaptée tant pour sauver l’écosystème de l’étang que pour permettre à EDF de retrouver une capacité énergétique supérieure tout en permettant la valorisation de l’eau douce (agriculture, eau potable, nappe de la Crau, industrie de Fos…).
A ses côtés, le Président de Région, Renaud Muselier, très impliqué car porteur du projet de réouverture du tunnel du Rove à la courantologie, a rappelé au représentant de l’Etat qu’il était pressé de voir la réhabilitation de l’étang et qu’il était plus que nécessaire de respecter les délais dans les études et prises de décision. Rappelant aussi que le retour à une lagune équilibrée était demandée depuis presque 30 ans, que si on était passé de 4 milliards de rejets d’eau douce puis 2 puis 1,2, c’était encore trop ! Rappelant encore que chacun s’était engagé à respecter sa parole au travers d’une feuille de route, que la Région l’avait fait au travers d’actions concrètes et non pas par des objectifs généraux flous, il fallait donc mettre en place des actions responsables tant juridiquement que financièrement. Renaud Muselier s’est félicité de la nouvelle gouvernance mise en place par Didier Khelfa, Président du GIPREB. “On se parle, on est unis, il faut restaurer l’intégrité de l’étang de Berre menacé par EDF”. Rappelant enfin qu’il fallait avoir conscience qu’on était face à un projet national et pas seulement régional, qu’EDF avait une responsabilité qu’elle devait assumer par une participation significative, la Région s’engageant aussi à participer et à apporter des fonds européens, entre autres.
2022, des rejets faibles, l’étang va bien, l’étang est résilient
Une sécheresse exceptionnelle, 616,9 millions de mètres cubes annuels de rejets d’eau, un étang à 30 grammes de salinité en moyenne, une année 2022 spéciale !
Si pour répondre à un contexte énergétique tendu en 2022, EDF était revenue sur ses engagements de réduire à 900 millions de mètres cubes ses rejets d’eau douce dans l’étang de Berre et avait activé la possibilité de rejeter plus que son quota autorisé tout en supprimant les contraintes de salinité garantissant une moyenne de 20 g de salinité pour l’étang, le contexte de déficit hydrologique exceptionnel (sécheresse historique avec un faible enneigement et une faible pluviométrie) a eu pour conséquence une production d’énergie réduite de 60 % et des volumes d’eau turbinée très limités, 619,9 millions de m3 avec un arrêt quasi-total des rejets dès fin mars 2022. (L’autorisation annuelle de rejets est de 1,2 milliard de m3 ).
600 millions de m3 de rejets, c’est ce que les élus du GIPREB demandent depuis bientôt 10 ans ! 2022 a montré que cette réduction des rejets était favorable à l’étang en mettant tous ses indicateurs au vert : augmentation progressive de la salinité de la masse d’eau atteignant 28 dès juin, induisant une très faible stratification entre les eaux de surface et les eaux de fond. Dès lors, l’étang a été le plus oxygéné jamais observé jusqu’alors. Les herbiers de zostères atteignent 25 hectares (on se souvient qu’après la crise écologique de 2018, il n’en restait plus que 7). Si la preuve devait être faîte que la réduction des rejets EDF est la solution pour favoriser l’équilibre de l’écosystème, c’est chose faîte ! L’absence de rejets à partir de mars a aussi prouvé que la problématique de la saisonnalité des rejets était un levier immédiatement actionnable.
C’est dans ce contexte que la mise en place d’une dérivation partielle en aval et en amont de l’usine de Saint-Chamas a été étudiée par EDF et par l’Etat (DREAL-Agence de l’Eau).
“600 millions de mètres cubes dans l’étang mais pas plus !” Didier Khelfa, président du GIPREB
Cette dérivation doit permettre de répondre aux besoins de valorisation de la ressource en eau susceptible de devenir plus rare au vu du réchauffement climatique :
- pour l’usage agricole par dérivation en amont en réutilisant les canaux d’irrigation
- pour la sécurisation en alimentation en eau potable des communes du pourtour de l’étang de Berre
- pour la régularité en approvisionnement du Grand port maritime de Marseille en eau industrielle de qualité
- pour la recharge de la nappe de la Crau, susceptible de sécuriser l’ensemble de ces problématiques.
Elle permettrait également d’augmenter la capacité de turbinage des usines de Salon et Saint-Chamas avec des gains énergétiques et économiques en découlant.
Elle permettrait bien-sûr de diminuer les rejets dans l’étang mais aussi en Basse Durance.
“Moins d’eau douce, moins de limons, c’est bénéfique à l’étang”, Didier Khelfa
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