État des lieux

Description de l'écosystème sur la base des données de l'Observatoire du GIPREB

Le dernier rapport de l'Observatoire du milieu décrit les résultats du suivi du milieu 2023 tout en les replaçant dans une trajectoire historique.

Dernier rapport de l'Observatoire en 2023

Le dernier rapport de l’Observatoire du milieu du GIPREB – Bilan 2023 est téléchargeable !

Il décrit en détail l’Observatoire, les résultats obtenus en 2023, et les différentes études en cours ou à venir.

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RÉSUMÉ DE L’ANNÉE 2023

L’action du Syndicat-mixte Gipreb s’inscrit dans une démarche de réhabilitation environnementale du milieu aquatique de l’étang de Berre, dans une perspective à terme de retour à un écosystème équilibré de lagune méditerranéenne profonde. Le Gipreb a pour objet, entre autres, de suivre l’évolution de l’étang au travers de l’Observatoire du milieu. Le présent rapport décrit les résultats du suivi du milieu 2023 tout en les replaçant dans une trajectoire historique.

 

En 2023, les conditions météorologiques ont été marquées, comme l’année 2022, par une sécheresse et des températures estivales élevées. Cette sécheresse a contraint EDF dans son régime de turbinés et les apports par la centrale hydroélectrique ont été de 645,80 hm3 en 2023. Ces apports ont été principalement réalisés en janvier, février et en fin d’année. Entre avril et septembre, il y a eu seulement 42 hm3 de rejets depuis la centrale. En octobre, par contre, il y a eu un gros turbinage apportant beaucoup de limons (près de 10 000 tonnes en trois jours soit plus de 20% des apports solides de l’année).

 

Ces faibles rejets printaniers vont avoir plusieurs conséquences favorables sur l’écosystème de l’étang de Berre en 2023 :

  • Une salinité qui va augmenter depuis le printemps et se maintenir élevée tout le reste de l’année. La salinité de surface va rester aux alentours de 26-27 depuis juin jusqu’à décembre.
  • Diminution de l’eutrophisation (en lien avec les apports en azote et phosphore faibles en 2023, on constate que les paramètres de la colonne d’eau, notamment les concentrations en composés azotés et phosphorés restent faibles une grande partie de l’année). On va observer tout de même un bloom automnal avec des concentration en chlorophylle a particulièrement élevées. Ce bloom (un important développement de phytoplancton) est la conséquence, entre autres, des rejets solides qui vont apporter des matières particulaires (NH4) qui vont favoriser le développement du phytoplancton.
  • Une transparence des eaux exceptionnelle en 2023 avec 4 mètres en moyenne mesurée au disque de Secchi dans la lignée de la transparence de 2022.

 

Ces effets vont se diffuser sur l’ensemble des compartiments de l’écosystème et permettre à l’écosystème de l’étang de Berre de s’approcher, en 2023, d’un fonctionnement équilibré. Ainsi, les conditions de salinité plus élevée et les plus faibles apports vont modifier les peuplements de macrophytes. Si les espèces nitrophiles (ulves, cladophores, enteromorphe), sont toujours présentes, on constate une diminution des Gracilaires au profit des Ceramium, espèces plus halines. De nouvelles espèces à affinité marine sont également observés pour la première fois en 2023. La bonne transparence des eaux va accélérer la croissance des zostères. En 2023, les herbiers de zostères recouvrent 42,6 ha soit la plus forte valeur observée depuis leur quasi disparition (1,2 ha en 1990) mais aussi la plus forte croissance. Ce résultat est loin de l’objectif de 1 500 ha pour atteindre le bon état au titre de la DCE. Cette résilience est une source d’espoir avec la pérennisation attendue de la saisonnalité des turbinages.

 

Au niveau de la macrofaune benthique aussi, il y a des effets positifs. La faible stratification a permis des conditions d’oxygénation favorables même dans les zones profondes. En effet, on a enregistré en 2023 les meilleures conditions d’oxygénation. Cela a permis d’observer des espèces vivantes toute l’année en profondeur et de voir petit à petit les peuplements se diversifier. Néanmoins, les peuplements restent encore pauvres et il faudrait certainement plusieurs années favorables pour retrouver des peuplements vraiment diversifiés.  La reprise est forcément lente d’autant plus que les sources de recolonisation sont faibles. Il n’y a pas de zones refuges dans l’étang pour ces espèces. Au niveau du littoral, les peuplements de palourdes se sont complètement reconstitués ainsi que les moulières littorales. Cependant, en 2023, Mytilus présente un recul au profit de la moule introduite Arcuatula senhousia.

 

Ainsi, en 2023, une nouvelle fois le maintien d’une salinité élevée pendant la période estivale et des apports printaniers limités ont permis de maintenir l’écosystème de l’étang de Berre dans des conditions favorables. Ces deux paramètres : faible apport printanier et estival, et faible stratification estivale sont la clé pour limiter les effets de l’eutrophisation ainsi que limiter les anoxies. En 2023, celles-ci ont été quasiment absentes. Aucune anoxie estivale sur les fonds de 5m et seulement 4% du temps en anoxie à 9m. Ces conditions d’eutrophisation limitées sont favorables à une bonne transparence des eaux, elle-même favorable au développement des herbiers de zostères. A termes, des herbiers en grande quantité joueront également un rôle de régulateur de l’eutrophisation, en captant et piégeant les nutriments en lieu et place du phytoplancton et des macrophytes opportunistes, en limitant la remise en suspension des sédiments riches en nutriments et en étant une source d’oxygène dissous. Le basculement vers ce cercle vertueux est proche.

 

 

Le saviez-vous ?

L’ensemble des rapports de l’Observatoire du GIPREB sont téléchargeables dans la section Téléchargement (rapports scientifiques)

Article modifié le 21/06/2024