Après une visite de la ville au printemps dernier, l’Office Français de la Biodiversité vient d’annoncer son palmarès qui fait de Saint-Chamas la deuxième ville de la région Sud ainsi honorée dans l’histoire du concours.
Didier Khelfa, maire de Saint-Chamas, s’est félicité de cette nouvelle : « C’est une récompense qui nous encourage tous à continuer de protéger notre nature si fortement impactée au début de cette année. Nos services, les élus et l’ensemble de la population fondent une ville résolument tournée vers l’étang et vers un avenir respectueux de
l’environnement. »
Le littoral de Saint-Chamas comprend deux sites sensibles classés Zone Natura 2000, tandis que quatre ports de plaisance ou de pêche ponctuent ses rives. De nombreuses plages sauvages faisaient l’objet d’une fréquentation et d’une baignade non encadrées. Outre le peu de confort des usagers, cela générait des impacts défavorables pour la faune et la flore, par exemple pour la nidification des Sternes naines sur le cordon coquillier de la Petite Camargue.
Pour réaffirmer son identité littorale et permettre une meilleure accessibilité et utilisation des rives de l’étang tout en protégeant les secteurs naturels qui sont sensibles à la fréquentation du public, la commune a créé une plage en lieu et place d’un ancien stade. L’objectif est la réappropriation de l’étang en investissant autour des activités nautiques douces (baignade, kayak, paddle, voile) tout en limitant l’accès au littoral aux embarcations à moteur. La plage des Cabassons a été labellisée Pavillon bleu en mai 2022, tandis que des nurseries artificielles expérimentales de type “biohuts” ont été immergées dans le port de plaisance Notre-Dame.
Forte d’un réseau associatif, citoyen et naturaliste très dynamique, la commune a mis en place un « Permis de végétaliser » qui participe à améliorer le paysage urbain avec les habitants, et un Atlas de la biodiversité communale en cours va permettre d’améliorer encore la connaissance de la nature locale.
Paysage & Biodiversité
La commune de Saint-Chamas est située dans une zone préservée (seulement 15 % de sa surface totale est urbanisée) à l’extrémité nord de l’étang de Berre à 15 kilomètres au sud de Salon-de-Provence et à 50 km au nord-ouest de Marseille.
La bordure côtière est remarquable, caractérisée par ses hautes falaises reliées entre elles par un aqueduc. Le centre du village est ainsi divisé en deux parties, s’ouvrant d’un côté sur les collines de safre et de l’autre sur un littoral long de 14 kilomètres.
Le développement de l’urbanisation de la commune au cours des 20 dernières années a été caractérisé par la production de logements collectifs à hauteur de 10 %, logements individuels groupés à hauteur de 13 % et de logements individuels à hauteur de 40 %. Le PLU de Saint-Chamas limite l’urbanisation sur de nombreux secteurs pour une meilleure prise en compte des espaces naturels et espaces verts et une cohérence entre le zonage et l’occupation du sol. Les orientations actuelles fixent comme objectif une maîtrise de la croissance démographique (+30 % d’habitants depuis les années 2000) afin de ne pas franchir le seuil des 10 000 habitants d’ici 6 ans.
L’équipe municipale doit composer avec un patrimoine industriel qui marque/impacte le paysage de l’étang de Berre. Dans les années 1960, EDF construit la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas au niveau de la Petite Camargue pour y réaliser des aménagements hydrauliques dont la digue qui, en limitant les échanges avec l’étang de Berre, l’a considérablement modifié. Cette activité industrielle modifie aussi la qualité de
l’eau avec des rejets d’eau douce.
L’équipe municipale a pris conscience de la nécessité de protéger, connaître et faire connaître son patrimoine paysager et naturel exceptionnel (les espaces naturels protégés représentent 65 % de sa superficie) et de réaffirmer son identité littorale malgré une forte activité industrielle sur l’ensemble du pourtour de l’étang..
Reconnue « Territoire Engagé pour la Nature » en 2021, la municipalité souhaite saisir l’opportunité d’un Atlas de la Biodiversité Communale pour compléter sa démarche transversale de transition écologique. L’ABC se déroule de l’été 2021 à l’été 2023, avec le partenariat technique du CEN PACA et la LPO PACA.
Le parc de la Poudrerie
Le site de l’ancienne Poudrerie Royale s’étend sur 118 ha. Il s’agit d’un ancien site industriel créé en 1690 pour accueillir une industrie de poudre à canon puis d’explosifs. Ce qui ressemble aujourd’hui un espace naturel était autrefois modelé par l’activité humaine, recouvert de bâtiments et infrastructures, et dont l’exploitation a définitivement été abandonnée en 1974.
La renaturation du site a pris du temps mais offre aujourd’hui un espace remarquable marqué par la volonté de conserver des traces de son passé industriel : réseau hydraulique (canaux, réservoirs, etc.), des infrastructures militaires (tour de garde), des socles de cuves, des lieux de stockage (dont des souterrains), des hangars et d’anciennes usines à meules (dites « moulins à poudre noire »). Il a été acquis par le Conservatoire du littoral en 2001 et il est géré par la commune de Saint-Chamas et de Miramas réunies au sein du SIANPOU (Syndicat intercommunal de l’Ancienne Poudrerie). Il est classé refuge LPO. La variété des milieux (colline sèche méditerranéenne, forêt humide rare en Provence, marais et roselière) présente une originalité remarquable et offre des niches propices entre autres à de nombreuses espèces d’oiseaux (milan noir, cigognes, balbuzard pêcheur, hibou grand-duc, guêpiers, flamants roses…).
En partie réaménagée et sécurisée, l’ancienne poudrerie est devenue un espace dédié à la gestion écologique, avec la préservation d’arbres centenaires, la conservation de mares et milieux humides, et une zone littorale interdite au public, suivie par le Conservatoire du littoral. Là aussi, l’accès est régulé. En effet, l’ouverture au public du site de la Poudrerie s’étend aux 1er, 3ième voire 5ième dimanche de chaque mois sauf périodes de vacances scolaires et mois de juin où le parc (zone ZAPEF) est désormais ouvert les matins en semaine mais fermé a contrario tous les week-ends.
Le permis de végétaliser – un dispositif générateur de verdure
Le cœur de ville de Saint-Chamas est structuré de petites ruelles avec des conflits d’usage entre les piétons et les voitures. C’est notamment pour lutter contre le stationnement au niveau des pas de porte que certains riverains et la municipalité ont engagé un programme de végétalisation des rues. Pour s’inscrire dans une démarche de transition écologique et de participation citoyenne, la municipalité a lancé en avril 2021 un permis de végétaliser cadré par un règlement pour associer les habitants à la vie communale et réaménager globalement la ville en privilégiant les mobilités douces. Ce règlement définit les conditions dans lesquelles le jardinier est autorisé à occuper un dispositif de végétalisation de l’espace public. Cette autorisation peut être accordée individuellement et/ou collectivement sous la forme de murs végétalisés, de jardinières ou mobiliers urbains végétalisés, plantations en pleine terre ou en pieds d’arbre… En plus d’installations fabriquées par les riverains, le permis de végétaliser prend la forme de jardinières fournies par la municipalité. L’entretien et la plantation est à la charge du signataire avec une interdiction d’utilisation de produits phytosanitaires et la charte suit les préconisations du conservatoire botanique national méditerranéen en refusant par exemple la plantation d’espèces végétales exotiques invasives et en proposant une liste de végétaux adaptés au climat de Saint-Chamas. De plus, un partenariat entre la fleuriste et la municipalité apporte un coup de pouce financier à tous les signataires du permis de végétaliser, sous forme de bon d’achat dans ce commerce local.
Depuis un an, le permis de végétaliser a commencé à modifier le paysage des ruelles de Saint-Chamas. Par exemple, pour la seule rue Mirabeau, une quinzaine de permis de végétaliser ont été accordés. Dans certaines rues, le stationnement et une moindre vitesse de circulation des voitures ont conforté les habitants dans leur démarche. Des collectifs s’organisent également pour entretenir, gérer des jardins partagés sous forme de jardinières au cœur même de certains quartiers avec l’aide et le soutien de la municipalité (terre
végétale, matériel de construction…) permettant une réoccupation d’espaces délaissés.
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