Le contexte du projet des apports d’eau marine par le tunnel du Rove
La situation particulière de l'étang de Berre, et notamment l'absence de lido, complique la mise en œuvre d'actions de renforcement des échanges avec la mer. Le canal de Caronte approfondi au début du 19ème siècle puis le percement du tunnel du Rove entre 1910 et 1925 ont contribué, par des apports d'eau marine, à la mise en place dans ces années là, d'un écosystème jugé "de référence" pour l'étang de Berre. Aujourd'hui, il s'agit de remettre en circulation l'eau de mer dans le tunnel du Rove et son canal afin de la distribuer aux milieux aquatiques en fonction de leur besoin. Le canal du Rove dans un premier temps, l'étang de Bolmon, puis l'étang de Berre bénéficieraient ainsi de cet apport d'eau marine.
L’étang de Berre et l’étang de Bolmon sont deux masses d’eau dites “de transition” au titre de la Directive cadre sur l’eau. Leur état écologique est mauvais, notamment du fait de l’eutrophisation qu’ils subissent. Le canal du Rove, lui aussi très confiné depuis l’effondrement d’une partie de la voûte du tunnel du Rove en 1963, est également en très mauvais état écologique. Il n’est cependant pas administrativement une masse d’eau naturelle car c’est avant tout un canal de navigation. Ses eaux sont toutefois en communication directe avec les deux étangs et l’amélioration de leur qualité est donc tout aussi importante sur l’aspect écologique.
Le projet a pour objectif d’apporter de l’eau de mer dans ces trois milieux afin de participer à la réduction de l’eutrophisation et de leur confinement.
Participer à l’amélioration écologique des trois milieux
La mise en oeuvre d’un tel projet se justifie par la nécessité de restaurer les trois milieux qui sont interconnectés. Aujourd’hui, les trois milieux sont dans des situations écologiques dégradées. Même si l’étang de Berre a un niveau d’eutrophisation moins marqué que les deux autres, l’utiliser pour diluer les eaux du Bolmon et du canal conduirait nécessairement à renforcer son niveau de dégradation. C’est pour cela que seul un apport d’eau complémentaire à la charge nutritive très faible, ce qui est le cas de l’eau de mer, peut permettre d’améliorer les trois milieux.
Le tunnel du Rove figure au Guinness book des records comme le plus grand canal sous marin navigable. Sa construction après guerre fut une véritable aventure humaine et technologique à l’époque. L’effondrement d’une partie de sa voûte le 16 juin 1963 a été découverte par un navire, le Storm, effectuant sa traversée.
Atteindre des états écologiques compatible avec l’histoire moderne de ces écosystèmes
Le canal de navigation de Marseille au Rhône, communément appelé canal du Rove, a, dès sa mise en service en 1926, eu des caractéristiques marines. L’étang de Bolmon, lagune dans la lagune à une trajectoire qui suit celle de l’étang de Berre pour ce qui est de sa salinité. Réceptacle des eaux douces de la Cadière dont les débits ont fortement augmenté avec l’urbanisation du bassin versant, il est toutefois moins salé que son grand frère. L’étang de Berre, pour sa part, a vu sa salinité se renforcer au début du XXème siècle avec l’approfondissement du Chenal de Caronte puis la mise en service du canal du Rove. Cette tendance s’est brutalement interrompue en 1966 avec la mise en service de la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas.
La salinité moyenne actuelle de l’étang de Bolmon oscille entre 5 et 11 selon les saisons. L’étang de Berre évolue entre 15 et 28 avec de fortes stratifications sur sa verticale. Le canal, également très stratifié, voit sa salinité évoluer dans cette même gamme en fonction des échanges avec l’un et l’autre des milieux adjacents.