Transplantation d’herbiers de zostères

Le 29/05/2024
Véritables poumons de la lagune, les zostères produisent en partie l'oxygène présent dans la lagune par la photosynthèse, et abritent aussi des poissons…

Les herbiers de l’étang (composés de zostères marines et de zostères naines) occupaient une surface estimée à environ 8 000 ha en 1916, réduite à 1.2 ha en 2009.

En 2017, une campagne de cartographie des herbiers de l’étang de Berre a montré que les herbiers étaient de nouveau dans une dynamique de progression avec une surface de 17 ha. Un nouvel herbier s’était formé à partir de coalescence de tâches à Bouquet (Berre l’étang). Malheureusement, la crise écologique majeure de 2018 a fortement impacté la survie des herbiers : la surface a été de nouveau réduite à 7,2 ha.

Depuis 2020, les herbiers connaissent une dynamique exponentielle très positive : leur superficie est aujourd’hui évaluée à plus de 40 ha. En effet, les périodes caniculaires et sèches ont limité les apports d’eau douce, et de nutriments (azote et phosphore), favorisant nettement le développement des herbiers. La gestion des apports d’eau douce constitue ainsi le point crucial pour favoriser la résilience de l’écosystème que forme l’étang ; cette « marinisation » du plan d’eau, avec un meilleur lissage des rejets d’eau douce, permet d’atténuer l’eutrophisation, de limiter donc les anoxies, et d’augmenter la transparence.

L’objectif aujourd’hui est d’atteindre une recolonisation des herbiers sur 1 500 ha, avec plus de diversité d’espèces (zostère naine, zostère marine et cymodocée). L’idée est d’aboutir à un écosystème résilient, capable de faire face aux conséquences du changement climatique, plutôt que de revenir à son état avant les années 1960. Parvenir à cet équilibre dynamique, et finalement aux caractéristiques d’une lagune méditerranéenne, pourrait être facilité par la conjonction de conditions propices à la croissance des macrophytes (végétal aquatique) et d’actions concrètes de restauration des herbiers.

Ce projet, appelé ReHAB, bénéficie de l’expertise du consortium scientifique européen The Seagrass Consortium. Une partie de l’équipe du Seagrass Consortium, ainsi que des scientifiques de l’université de Groningen (Pays-Bas) se joignent à l’équipe scientifique du Gipreb pour cette opération de transplantations du 27 au 31 mai 2024. Pendant ces 5 jours, 10 m² de zostères naines seront prélevées puis transplantées à Berre l’étang, dans l’anse de Bouquet et l’étang du Batidou.
Ces boutures, une fois transplantées selon un schéma très précis, permettront de recouvrir une surface de près de 2 000 m².

Que va-t-il se passer après cette transplantation ?

  • Nous allons prioritairement pouvoir réaliser un suivi de la surface des herbiers et leur évolution, en observant les croissances des différentes espèces transplantées (Zostera notlei, Zostera marina ou Cymodocea nodosa). Il sera également vérifié que les prélèvements n’aient aucun impact sur la croissance de l’herbier donneur.
  • Nous allons suivre l’évolution du peuplement des juvéniles de poissons sur les zones transplantées, dans le but d’observer l’effet des transplantations d’herbiers sur la biodiversité (ici, les poissons).
  • Les herbiers sous-marins jouent un rôle de stabilisation des sédiments et atténuent la houle, ce qui en théorie, limite l’érosion du trait de côte. Ici, nous pourrons évaluer l’influence des herbiers transplantés sur l’évolution du trait de côte à l’échelle d’une anse.

Commentaires

Vous souhaitez commenter cet article ? Lancez-vous !

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *